Annette Vande Gorne - Noces Noires [Black Wedding] Lyrics

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Noces Noires [Black Wedding]

Noces Noires [Black Wedding] Lyrics by Annette Vande Gorne
Noces Noires [Black Wedding] Lyrics

What Are The Lyrics For Noces Noires [Black Wedding] By Annette Vande Gorne?

Morte. La gîte des yeux a quitté l’horizon.

Secousses à l’accrochage, le corps restant en gare. Formation du

nouveau convoi parmi les aiguillages compliqués de la douleur.

On prend des images. On regarde l’inconnue rejoindre l’inconnu.

On répète l’opération jusqu’à n’être plus concerné.

Épingles piquées dans la poupée: on jette du sable dans les machines huilées de l’œil et du sel sur le gel bitumé des étoiles.

La mort ne lui ressemble pas. À la clarté du jour, elle laisse un grain de beauté. Sous l’œil gauche, quand le soleil se couche.

Aujourd’hui, on la conduit vers des jardins hors de la ville. L’aube nous a surpris encombrés de son corps et ne sachant qu’en faire.

Une infinie atomisation. Il ne sent que cela dont il ne revient pas intact, rendu à l’événement plus qu’invalide.

Écrire est à peine pire.

Incapable d’autre chose pour longtemps, sourd-muet, alcoolique même avec obstination. Paysage de montagne avec pont suspendu rêvant sur l’abîme…

Le plus lent est le parfum. Il emploie toute son énergie à n’être pas confondu. Il prépare la transition avec le vide.

Son nom de morte s’effondre, s’enfonce dans le désastre froid des origines. L’espace est un ventre de chienne errante.

Nuit soufflant par les naseaux, tordant la langue contre le mufle

mouillé; la peau avec de grands plis frissonnants; inquiète de l’aube à l’odeur de boucherie…

Morts et ils ne prennent le chemin du marché qu’avec des choses à vendre et l’envie d’en acheter; ils sont morts; l’échange est fini et ils vont sans achever, obstinément…

Théâtre: la mort pose son masque de plâtre. L’étrangère peut enfin se montrer: son visage est doux, l’enfance préservée.

Lit qu’on refermera au bruit mou des pelletées. L’herbe ici n’aura qu’un oreiller dépassant peu.

Sur les terrasses mauves de l’été, flottant comme des collines au clair de lune et gardant encore chaude la pierre du jour.

Soleil bleu, bancs de brumes à mi-hauteur, rayés de rouges aux endroits difficiles du passage.

Parlant de l’absente à cause des samares du tilleul…

L’île dans la paume des mers. Parfois une vague plus forte montre son ongle verni. La ligne horizontale de son corps allant s’amincissant à mesure.

La douleur va s’éteindre, ses brûlis cesser de mordre. Cendre et nuit jusqu’aux fossés de l’œil où demeure un peu d’eau.

Cortège pour s’assurer des choses simples, pour retarder l’issue et regarder, puis apprendre en marchant que fermer les paupières, c’est à cause de ça.

Pain qu’il faut mouiller de larmes, air sinon trop dur à avaler. Excès de nuit sur les extrémités: toucher provoque des étincelles à l’intérieur.

À force, devant l’espace on n’en peut plus. L’esprit s’épuise: du bois coupé de l’iris, tôt ou tard, on fera du feu.

À ce coude du fleuve où ils vont disparaître, déjà séparés par la nuit, quand chaque coup de rame est un oiseau qui tombe…

Des gens saluent comme s’ils allaient nous demander leur chemin. Autour de nous, il n’y a plus que des fleurs qui ont cessé d’avoir mal.

Froid intense devant l’âme. Mots par signaux de fumée dans le silence. Commerce de passage entre les hommes, rites et échange des pacotilles de la peur.

Vol d’étourneaux virant de l’aile et s’abattant d’un coup comme on retourne une carte. Les deux côtés du silence dès qu’on montre son jeu.

Avec un cliquetis de crémaillères, morts encore dans le remous des mots, juste avant l’ouverture des écluses.

Chemin montant sans montrer les sommets. Avec des brumes, sur

les pins noirs, qui font pencher vers l’abîme. Leurs pauvres mains agrippées…

Dans la plus petite salle, la plus obscure dont nous prolongeons les colonnes par de grands cris jetés depuis le pavement froid de son cadavre.

La malle sans poignées du ciel fera plier son porteur: qu’elle contienne aussi l’azur n’y change rien.

Trop de cailloux du cœur dans les étoiles.

Souffrance et solitude sont chose d’un seul. Jamais les mots n’en

diront plus là-dessus. Mystère de l’adouce aux pentes d’herbes et de buissons bas.

Manœuvre périlleuse: le vieux cargo du jour accostant aux fenêtres.

Comme d’habitude, les longs coups de sirène du sang.

À toute vitesse dans la tranchée aveugle des vitres, où nous tentons de balancer les galets mouillés de l’œil.

La nuit tiendra comme du béton frais.

Carton rouge et rejeté par la cartouche tirée du cœur. Chevrotines de cris longtemps à travers la pensée.

Le trou des yeux noirci de poudre.

L’oiseau, dans le ruisseau du coude venu boire, et qui meurt avec de petites secousses, là où personne ne touche plus avec amour.

Regard sur des ailes de plus en plus petites, emporté, jusqu’où s’use l’image non contre la surface mais à cette poursuite du fond, sans espoir.

Nuage sans ombre au sol, pressé de vents venus de loin et fuyant la hauteur, poussé par des souffles qui se servent des nuits pour simplement traverser.

Noces noires. Mariée à l’éclipse, ayant passé l’anneau de nuit.

L’amant qu’aucun n’a vu, elle a fermé les yeux pour le voir.

Chemin que nous faisons derrière elle, n’ayant rien d’autre à offrir. Bâtards de cette mort, où nous allons gonflés comme l’ortie contre ceux qui approchent.

Bruit de boggies au passage à niveau, le train de marchandises de la mort roulant dans les oreilles, puis laissant le désert.

Manteau de thyms de l’été: fin de jour tissée avec des matières proches de l’âme. Ces pertes incertaines font partie des départs.

Dire n’est pas aller dehors, c’est faire un peu de place en-dedans pour la réponse des absents. Dire repousse l’encombrement des choses.

Le scandale de la mort surprend par ce biais: la perte d’un être pour l’amour. On meurt toujours l’âme sur un vieux lit d’épines et de bois sec.

Lumière, sa trousse à maquillage, puis elle retourne d’un coup le sac trop plein de l’œil pour un troc de dernière minute.

Elle et mon doigt écrivant au hasard dans la poudre de riz une histoire qu’on souffle. La patience des pierres est de porter la nuit sans regarder dehors.

Queue de paon de la nuit dont le frisson de plumes se retrousse. Gémissements et plaintes où s’utilise l’art ancien de rejeter vers les limites de l’autre.

Le ciel ce matin n’offre que portes basses par où passer en se baissant. Nous avançons par des trous vers un espace d’insectes. Au bout de nos antennes, l’âme s’inquiète.

Dans cet instant sauvage et près des larmes, quand c’est trop fort et que peut-être les morts sont morts de ça…

Septembre au bruit d’aiguilles entre les feuilles; dans la chaleur de jupes des jardins, quand on sent contre le ciel ce frottement de peau qu’on ne supporte plus.

Au téléphone ce sont eux qui ont appelé.

   Il est tôt.

      Elle est morte.

Paris n’a pas encore de fenêtres, seulement des rues comme des caveaux.

Du bout des doigts, un vent frais longe la cicatrice rose du matin. L’horreur de l’air est de passer d’une bouche à l’autre.

Vague infatigable, ténèbres dont s’obsède le guet: il s’agit de ce lieu où l’on naît de la nuit, d’où la mort nous arrive sans mémoire.

Nuit où le troupeau des choses qu’on oublie avance et broute paisiblement. Lueur aux fenêtres, veilleuse au point du jour, puis confusion et mort par effacement…

Morse, de la main moite à la main de marbre par à-coups. Dans les montagnes roule incertain l’orage finissant de sa dernière respiration…

Marche forcée de l’agonie: certains, au son du canon qui s’éloigne, d’autres en des sorties d’assiégés. Le peuple affamé de la bouche se ruant dans un grand cri.

Mort et si nous en venons, pourquoi tant questionner? Déclenchement d’avalanches dès qu’elle voulait encore nommer…

Entrée dans la matrice du monde; tout autour désormais, elle comme un voile; l’univers à travers nous se regarde et nous servons à ce dénombrement…

Elle est poisson de grande profondeur, subit d’énormes pressions et croise des monstres. Lumière pâle sous l’eau de la souffrance…

Pressés les morts: ils disparaissent vite. C’est plus que l’exil, un exode, pêle-mêle, sans rien emporter, comme à la guerre quand on veut retarder les pillards…

Elle meurt en état d’étang vide. La carpe, gueule ouverte près du bord, la truite dans la bouche boueuse…

Son visage de monnaie usée! Parfois ses yeux de nyctalope s’agrandissent, puis le gyrophare bleu de son regard se met en route…

Elle part à reculons comme absorbée par un buvard d’étoiles. Dans sa bouche, le chiffon de la bonde reste rouge.

Express, par les tunnels uniquement! L’âme et le paysage de l’autre tatoués dans les paumes. Les paumes sur les paupières. Les paupières sur les larmes. Larmes noires…

Obscur contre le bord du nid: tout ce qui tombe voit se refermer sur lui le rideau de lentilles d’eau des étoiles.

Debout sur la dune, cheveux au vent, seins dressés comme le voulaient les photos de stars qu’achetaient les enfants; figure de proue de son rêve…

C’est contagieux la mort!

Ne pas laisser ensemble les vivants et les autres.

Ils se confondent trop. Cela rend l’assistance nerveuse.

Maman! Sourde comme quand nous nous quittions et que boudeuse elle ne répondait pas. Soupe que l’on faisait avec l’os du départ, qui nous tenait au ventre, longtemps.

Soleil maintenant dans la cour vide du corps. À chaque battement de cils, une porte se referme et bat… Le cœur comme un haras en ruine.

Passé le dernier souffle, la mort se tient tranquille. Les animaux savent cela qui retournent à leur place sur les genoux.

Parlant du violent plaisir de cette femme de connaître la nuit, qu’on recouvre son visage c’est d’ombre qu’elle a besoin…

Nous, guillotinés du regard, sans visage acceptable pour demain, l’odeur de volaille froide ne nous quitte pas.

Elle, à la surface du drap, signalant le naufrage caché. Bouée dans le haut et le bas des marées de la mémoire, quand la plage s’enfonce sous les eaux.

L’un vers l’autre, dans le souffle explosé de deux trains qui se croisent. À hauteur de grappins dans l’écran déchiré des rétines.

Devenue vieille, elle veut la paix, la géométrie. Ses mains avec des bagues à tous les doigts ressemblent à des calendriers incas.

Elle veut aller à l’église où les chiens sont interdits. Alors elle oublie Dieu. Les chiens ont le leur, dit-elle, qui lui suffit, la comble même.

Veilleur du haut de son chemin de ronde ignorant où reprendra le feu de la douleur.

La nuit pousse un caillou, un caillot: elle ne peut plus sortir du labyrinthe de son corps…

L’enfance aux yeux de porcelaine n’a pas de paupières. L’incendie des soleils la ronge comme ces photos qui rétrécissent en brûlant…

Rue opéra nuit: on répète. Elle meurt dans le long monologue murmuré d’un prénom. Rideau rouge depuis les cintres du sexe. L’art lui donne encore l’appétit de vivre.

Demain, plages de mots qu’il faudra déminer! S’ils sont tendres et patients avec l’objet, le jeu des mains par en-dessous sera possible.

Punaisé sur la porte, son nom de jeune fille. Gens et machines à surveiller la mort savent qu’elle s’est remise à naître.

Bombe à chaque explosion du pouls. Fièvre et fin de guerre dans la serre où l’on dort. Nue, elle passe dans le puzzle incomplet de la mère et de la femme.

Expulsés par milliers du train en gare et traversant le hall, nous nous jetons sur la ville vers une vie organique et chaude cachée derrière des lueurs rouges.

Dormir, dit-elle, c’est entrer dans une fleur fécondée qui se referme lentement. Plâtres tièdes contre son corps froid.

Colin Maillard, les mains tendues vers les hachoirs de l’ombre, frôlant des robes, près des toupies du cœur lentement plus inclinées…

Soutenant l’étai de la morte sous tant de nuit. Temps sur le Temps et mort sur de la mort comme ces villes sur des villes et sous le sable, que raconte la nuit.

Emmaillotée dans son linceul, petite et triangulaire momie, nous la hisserons dans un cristal de roche géant, cône d’améthyste où la dresser debout dans la durée.

Elle tire encore la langue, sur son lit de mort. Obscène, l’organe qu’on n’a pu rentrer dans l’orifice. Cela dérange beaucoup la cérémonie.

Pays en grève quand elle meurt. Les deux cortèges se croisent en silence, dans le décor immobile du refus.

Hôpital d’où l’on sort par derrière, près des urgences encore sanglantes, des poubelles et de la morgue, dans une rue sans fenêtre réservée aux services.

Sa mort est un jardin qu’on ferme, dit un ami. Dehors, les mouettes jettent des cris comme au-dessus de la mer ou des grands dépotoirs.

Nous la suivons en rue pour la première fois. Jamais elle n’est allée en rue sans son chien. Elle doit le chercher des yeux. Au carrefour, nous n’avons pas priorité.

Silence, plus que d’habitude, plus qu’on ne peut en supporter seul: la mort est un jeu d’équipe. Il faut partager.

Près du cercueil, gestes maladroits, mal adaptés. On n’a pas pris les mesures: espace encore inconnu de la mort.

Les gens ne meurent plus chez eux. Fini la brocante d’amour autour du lit. Heureux s’il y a de la famille pour emporter tout ça!

Les voisins ne viennent plus boire ni parler, pour que le pardon soit tout à fait sincère: ils liront cela dans le journal.

Que les plages désertes gardent secrète leur douceur dans l’écrasement des coquillages par le ciel. Boulange de cris dans le pétrin du ventre, nausée…

Dies iræ sourdine. La chair et son bruit de machines dans les cales obscures. Anesthésie et rougeoiements soudains de cendres avec

le soir.

Grand beau de montagne en-dedans: le glacier des étoiles a glissé. La moraine des poumons peut respirer à l’aise avec les pierres.

Âme portant au cou le cordon donné de l’horizon. Subtile est la matière de ce dieu qui nous recouvre de sa poussière.

Œillères d’une aube oubliée: que son cheval de mine ne remonte pas encore. Qu’il aille son chemin de rails entre deux gares, deux regards…

C’est arrivé, c’est tout.

On sait cela comme une trace dans la pierre. Ici, ce n’est qu’un rendez-vous. On dirait du cercueil dans la fosse, un navire qu’on lance…

C’était d’une odeur d’abattoirs, d’une grande beauté de solitude aussi.

À cet excès, il fallait une excuse: la mort a suffit.

Son nom, qu’un son rauque désormais remplace. Mourir n’était que jeu de cils.

Il n’y aura pas d’autre pierre tombale que le regard, soudain, opaque

et fixe.

PS: «C’est maintenant qu’il faudrait manger ma mère, l’ingurgiter, la mêler au secret. Elle apprendra ainsi le reste. La part de naissance qui n’est qu’à moi. La part que j’augmenterai seul. Alors, elle deviendra vaste, ma mère, immense, universelle… Sera la grande présence anonyme, le grand visage inconnu. Il faut manger sa mère, l’avaler, lui offrir à son tour enfin le passage… Les mots ne serviront qu’à dire mon étonnement devant cela.»

[Poème: Werner Lambersy, Janvier 1983]

Who Wrote Noces Noires [Black Wedding] By Annette Vande Gorne?

Annette Vande Gorne

What's The Duration Of The Noces Noires [Black Wedding] By Annette Vande Gorne?

The duration of Noces Noires [Black Wedding] is 35:13 minutes and seconds.

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